Le RES a réuni ses membres et partenaires pour une session de travail internationale sur « l’éducation à la protection sociale », le jeudi 3 mars 2022. Appuyée de présentations d’initiatives d’Europe, d’Amérique latine et d’Afrique, la rencontre en ligne a permis de favoriser la mise en réseau et l’échange de bonnes pratiques sur ce sujet.
Animée par Elisa Torrenegra, directrice de l’association de mutuelles colombienne Gestarsalud et administratrice du Réseau Education et Solidarité pour la région Amérique Latine, la rencontre a permis de rassembler plus de 30 représentant.e.s de syndicats de l’éducation, d’organisations de l’Economie Sociale et Solidaire et d’acteurs de la protection sociale, de plusieurs régions du monde.
Aujourd’hui, le droit humain à la protection sociale n’est pas encore une réalité : la grande majorité de la population mondiale – plus de 4 milliards de personnes – n’a aucune protection sociale. Dans une introduction, Victoria Giroud-Castiella du Département Protection Sociale du Bureau International du Travail (BIT), a présenté le rôle de la création d’une culture de la protection sociale pour atteindre la protection sociale universelle.
- En plus de la solidarité, Victoria Giroud-Castiella a souligné que la confiance des populations dans les systèmes de protection sociale a un rôle central dans l’extension de la couverture, et que les bénéficiaires doivent pleinement comprendre et vivre la valeur de la protection sociale.
- L’expérience montre que les pays qui ont pu étendre leur couverture en protection sociale à leur population, ont, en plus des mesures politiques et techniques, conçu et mis en œuvre des programmes qui visent à développer une culture de protection sociale. Ces programmes cherchent à transmettre les valeurs, les principes, les obligations en matière de sécurité sociale, mais aussi les modalités de fonctionnement de la protection sociale.
- La création de culture de protection sociale est un processus spécifique à chaque contexte qui concerne la société dans son ensemble et repose sur une volonté politique forte. Dans ce processus de développement des systèmes de protection sociale, Victoria Giroud-Castiella a souligné l’importance de mobiliser les partenaires sociaux, qui connaissent les besoins des employeurs et des travailleurs, ainsi que des jeunes, qui sont les acteurs et les actrices du futur.
- Enfin, Victoria Giroud-Castiella a présenté plusieurs des actions du Bureau International du Travail (BIT) sur ce sujet. Au niveau national, le BIT met en place des actions de création de culture dans le cadre des programmes d’aide au développement de chaque pays. Autre exemple d’initiative, au niveau international : le BIT crée avec l’EN3S un MOOC d’introduction à la protection sociale, à destination des étudiant.es ou des agent.es des Nations Unies. L’objectif sera ensuite d’adapter le MOOC pour en faire un outil éducatif auprès des élèves, via les enseignant.e.s.
A la suite de la réunion, quatre initiatives permettant la création d’une culture de la protection sociale ont été présentées.
- Céline Dubois et Anne-Laure Maisse, de l’Ecole Nationale Supérieure de Sécurité Sociale EN3S (France), ont dévoilé l’expérimentation en cours d’une activité pédagogique sous la forme d’une bande-dessinée sur la solidarité, la fraternité et les valeurs de l’engagement pour la cible des 8-11 ans.
- Emmanuelle Rudio et Pierre Dardenne, de la mutuelle MGEN (France), ont présenté l’exposition pédagogique KESSAKO, conçue par des enseignant.es pour sensibiliser dans le cadre scolaire et universitaire à l’Economie Sociale et Solidaire en évoquant la protection sociale, auprès des jeunes à partir de 12 ans jusqu’à 24 ans.
- Michelle Kirkbride et Dano Tsouras, de la Coopérative NorWest Co-op (Canada) ont introduit leur programme coopératif Youth Hans Kai, permettant aux jeunes (15 à 21 ans) de devenir acteurs de leur santé et de leur bien-être. Les jeunes assistent à 9 sessions avec des professionnel.le.s de la santé pour apprendre les déterminants de la santé et ce qu’ils peuvent faire pour rester en bonne santé (nutrition, sexualité, sport, réseaux sociaux, relations, drogues, santé mentale, auto-acceptation…), puis deviennent eux.elles-mêmes des mentors sur les sujets de bien-être auprès de leurs communautés.
- Sophie Pienne, de l’association Adosen (France), a présenté Coop-Addict, outil éducatif physique et numérique abordant de manière ludique la question des addictions, notamment à travers des notions connexes, comme la liberté ou la dépendance par exemple, et permettant aux jeunes de développer des compétences psychosociales pour pouvoir faire des choix éclairés.
Dans une seconde partie, deux programmes nationaux d’éducation à la protection sociale d’Amérique latine ont été exposés aux participant.es.
- Eduardo Mendez, de l’institution de Sécurité Sociale Banco de Prevision Social (Uruguay) a introduit l’expérience uruguayenne, qui constitue une référence au niveau international. En 2007, l’Uruguay a lancé une initiative d’éducation à la sécurité sociale dans le but de faire connaître aux citoyens leurs droits et obligations en matière de sécurité sociale. Grâce à un travail conjoint entre l’administration de sécurité sociale (Banco de Prevision Social) et les institutions dans le domaine de l’éducation et la culture, un contenu obligatoire sur les droits et obligations en matière de sécurité sociale ont été inclus dans les programmes de toutes les écoles publiques et privées et des instituts de formation professionnelle à tous les niveaux. Le matériel pédagogique (inclus dans des cahiers) est abordé à partir de différentes matières en fonction de l’âge des élèves, des sujets, éducation civique, mathématiques (calcul des cotisations), biologie (maternité, santé), etc.
- David Jaramillo, de l’Organisation Internationale du Travail – Equateur a présenté plusieurs axes du programme d’éducation à la Protection Sociale mené en Equateur par les Nations Unies. Les études menées sur les connaissances, croyances, obstacles des individus à l’accès à une protection sociale en Equateur ont mené à la création d’une stratégie de sensibilisation et à l’implémentation de plusieurs actions de sensibilisation des jeunes à leurs droits en matière de protection sociale, notamment via l’initiative « Hablemos la Plena » (« Parlons franchement ») rassemblant des podcasts, lives sur les réseaux sociaux animés par des jeunes à destination des jeunes. David Jaramillo a aussi mentionné la préparation d’un plan stratégique pour l’institutionnalisation de la création d’une culture de la protection sociale en Equateur.
Enfin, le Programme PASS a introduit ses actions de formation à la protection sociale destinées aux cadres, fonctionnaires des administrations publiques en Afrique, animateurs de coopérative rurale ou encore auxfemmes de l’Economie Sociale et Solidaire en zone rurale.
Le Réseau Education et Solidarité a pour mission de favoriser l’échange de bonnes pratiques sur les sujets de l’éducation et de l’extension des systèmes de protection sociale solidaire. De futures rencontres internationales donneront l’occasion de valoriser l’expertise de ses membres et partenaires sur le sujet de la création d’une culture de protection sociale. De prochains ateliers organisés porteront sur le rôle des outils digitaux pour la sensibilisation à la protection sociale, ainsi que sur les actions de professionnalisation des acteurs de la protection sociale et de plaidoyer des organisations syndicales. Merci de vous contacter secretariat[@]educationsolidarite.org si vous souhaitez recevoir plus d’informations sur ces échanges.