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Le Réseau Education et Solidarité est investi dans le PROCEDH en Haïti, programme collectif pour le développement de l’éducation et du dialogue social. Le RES agit en particulier sur les aspects d’éducation à la santé avec MGEN, et d’éducation et plaidoyer pour la protection sociale avec le CIESS. Bilan à la fin de la première phase de ce programme.
En 2014, Haïti a connu une situation éducative complexe avec une instabilité politique chronique depuis plusieurs années (quatre ministres de l’Éducation en trois ans !) qui a compliqué la mise en place effective de la première phase du Programme collectif pour le développement de l’éducation et du dialogue social en Haïti (PROCEDH).
Néanmoins, ce programme, de juin 2011 à juillet 2014, a permis plusieurs avancées.
- Créer une vision commune de ce que doit être l’éducation en Haïti et du rôle que doit jouer la société civile dans ce domaine. Aujourd’hui, pour l’ensemble des membres du PROCEDH, il est clair que l’éducation en Haïti doit être de qualité et pour toutes et tous, notamment au sein d’un système éducatif public, performant et gratuit. L’éducation participe à la socialisation des citoyens et des citoyennes: conscients de leurs droits, ils deviennent acteurs de leur propre développement en assumant leurs devoirs et leurs responsabilités. Il est de la responsabilité de l’État de garantir toutes les conditions d’une éducation de qualité et il appartient à la société civile d’y veiller et d’y contribuer.
- Proposer un espace de réflexion et de production de documents de référence : action de défense du dialogue social et de la protection sociale repris par les acteurs institutionnels (MENFP, ONA, OFATMA).
- Construire un espace de structuration de partenariat entre organisations de la société civile françaises et haïtiennes, pouvoirs publics, autorités locales haïtiennes (MJSAC, MENFP, INFP, mairie de Port-au-Prince), autorités locales françaises (conseils régionaux Île-de-France et Bretagne, conseils généraux des Côtes-d’Armor et des Vosges, etc.) et organisations internationales (CIESS, RES).
- Impliquer activement des acteurs des DOM/TOM, et plus particulièrement des organisations guyanaises (ADOSEN/MGEN) et martiniquaises (Francas.)
- Renforcer la reconnaissance et la légitimité des organisations haïtiennes, notamment syndicales, aux yeux des pouvoirs publics haïtiens (MENP, DDE de la Grand’Anse), mais également auprès de la population.
- Permettre une réciprocité des actions entre acteurs français et haïtiens, notamment grâce aux jumelages pédagogiques et aux partenariats éducatifs
Focus sur les actions réalisées en 2014
Éducation formelle
- 12 conseillers pédagogiques ont bénéficié d’un cycle de formation complet en consolidation de compétences pédagogiques.
- 47 directeurs d’établissement du réseau des 4 Efacap (écoles de formation des maîtres) de la Grand’Anse ont bénéficié d’une formation complète en gestion administrative et budgétaire.
- Les 2 centres de formation professionnelle (rattachés à l’INFP) des Gonaïves et des Cayes ont reçu un accompagnement pour rationaliser leur gestion administrative avec une dernière mission d’expertise mise en place par le GREF.
Éducation populaire
- Finalisation de la formation de l’animateur responsable du foyer de Roseaux (certification BAFA).
- 2e stage de formation au métier d’animateur pour 27 jeunes du département de la Grand’Anse.
- Production d’un référentiel de la fonction d’animateur.
- Finalisation des projets éducatifs dans des jumelages pédagogiques
Éducation à la Santé
Activités de sensibilisation à l’hygiène et d’éducation à la sexualité dans un collège de Guyane et des lycées de Port-Au-Prince
Protection Sociale
Réalisation d’une épreuve pilote de formation d’éducation à la protection sociale dans 2 lycées de Port-Au-Prince (près de 80 élèves concernés et 8 enseignants formés).
Dialogue Social
- Renforcement des 10 mini-réseaux départementaux qui sont constitués par des syndicats d’enseignants, des associations de parents d’élèves, des associations de jeunes…
- Poursuite de la diffusion nationale d’une plaquette de défense de l’éducation. Plus de 150 enseignants, une dizaine de maires et de députés ont été sensibilisés grâce à des réunions publiques et des émissions de radios (Jéremie, Hinche, Terrier Rouge). Un accord historique a été signé entre les syndicats et le MENFP qui a entraîné, entre autres, une hausse des salaires, des créations de postes d’enseignants, une meilleure protection sociale.
Et maintenant, quelles suites donner au PROCEDH?
La deuxième phase du programme se terminera en 2017. Elle permettra de finaliser le processus de contribution au développement d’une éducation de qualité et au renforcement de la place de la société civile dans la définition, l’élaboration et l’évaluation des politiques éducatives haïtiennes.
Pour cela, le PROCEDH, dans sa deuxième phase, amplifiera les premiers acquis, fera converger les champs thématiques (éducation formelle, éducation populaire, éducation à la santé, dialogue et protection sociale) et associera davantage les partenaires, dont les pouvoirs publics locaux.
Enfin, il partagera ses expériences et ses résultats dans une logique de capitalisation et de mutualisation des bonnes pratiques.
Dans cette phase, il se concentrera aussi sur des zones géographiques exemplaires et pour plus d’impact local : communes de Dame-Marie et de Jérémie, zone métropolitaine de PAP (essentielle pour peser directement sur les politiques publiques nationales), commune des Gonaïves (le PROCEDH y a créé une dynamique territoriale autour du centre de formation professionnelle).
Par ailleurs, le programme accroîtra sa légitimité grâce au renforcement des compétences des organisations membres haïtiennes. Il articulera son action avec les différents réseaux de coopération internationale présents en Haïti (CLIO, Cluster Éducation). Son objectif sur ce dernier point sera de pérenniser ses actions et de capitaliser et multiplier ses processus et ses méthodes d’intervention