Dans un effort de limitation du risque de propagation du COVID-19, la majorité des gouvernements ont temporairement fermé leurs établissements d’enseignement, affectant près de 90% des apprenant∙e∙s à travers le monde. Comment les systèmes et communautés éducatives s’organisent-ils pour assurer la continuité pédagogique dans un monde aux prises d’une pandémie sans précédent ?
Dans un effort de limitation du risque de propagation du COVID-19, la majorité des gouvernements ont temporairement fermé leurs établissements d’enseignement, affectant près de 90% des apprenant∙e∙s à travers le monde. Comment les systèmes et communautés éducatives s’organisent-ils pour assurer la continuité pédagogique dans un monde aux prises d’une pandémie sans précédent ?
Plateformes virtuelles, émissions télé, conseils sanitaires en ligne : les communautés éducatives se mobilisent
En réponse immédiate à la fermeture des écoles à grande échelle, l‘UNESCO a créé un groupe de travail pour mettre à disposition des conseils et une assistance technique aux gouvernements afin de les aider à maintenir l’instruction des élèves non scolarisés. Elle a également mis en place une coalition mondiale « COVID-19 pour l’éducation », qui réunit des partenaires multilatéraux dont des acteurs du secteur privé. « La situation actuelle impose aux pays d’immenses défis pour être en mesure d’offrir un apprentissage ininterrompu à tous les enfants et à tous les jeunes de manière équitable« , déclare à ce sujet Audrey Azoulay, Directrice Générale de l’UNESCO.
Afin de permettre la poursuite de l’apprentissage et de maintenir un lien avec les élèves, de nombreux pays ont développé des alternatives d’enseignement à distance. Ces différents outils et ressources visent à aider les parents, les enseignant∙e∙s et les administrateur∙trice∙s scolaires dans l’accompagnement des élèves ou à fournir un soutien psychosocial pendant cette période de crise. L’Internationale de l’Éducation, plus grande fédération syndicale mondiale du domaine de l’éducation, suit de près les évolutions de la crise et son impact sur les systèmes éducatifs. Par le biais de ses 384 organisations réparties aux quatre coins du monde, elle recueille sur une plateforme dédiée les difficultés rencontrées et réponses apportées par les communautés pour le maintien d’une éducation de qualité pour toutes et tous, ainsi que des principes directeurs pour répondre à la crise. Quelques exemples de ces initiatives à l’échelle internationale.
En Serbie, le syndicat enseignant rapporte une rapide adaptation des éducateur∙trice∙s à l’enseignement à distance grâce à l’usage du numérique et d’émissions télévisées spécialisées. Les cours en ligne de la primaire à l’université ont été préparés en très peu de temps, et dès le 23 mars des cours dispensés dans les langues minoritaires et pour les enfants migrants ont également débuté. Ces efforts sont accueillis positivement par les élèves et leurs parents, qui selon Borka Visnic, Responsable de la coopération internationale du Teachers’ Union of Serbia « s’engagent davantage et prennent conscience de l’importance de l’enseignement et du métier d’enseignant« .
Les éducateur·trice·s des pays nordiques s’approprient les outils numériques pour aider à freiner la propagation du COVID-19. Au Danemark, les différents syndicats d’enseignants ont mis en place des sites internet d’information, axés sur les droits des personnels de l’éducation et mettant à disposition des conseils sanitaires, mais aussi des ressources sur la manière d’interagir avec les enfants. Des arrangements pour le confinement des élèves ayant des besoins particuliers sont également prévus.
Les syndicats de l’éducation argentins, quant à eux, collaborent avec le Ministère de l’Éducation pour la création de contenus pédagogiques accessibles à tou·te·s les élèves via la plateforme « Seguimos Educando » (« Continuons à éduquer »). Différents dispositifs sont développés ou envisagés, allant des plateformes virtuelles à la télévision, en passant par la préparation et la distribution de supports pédagogiques papier, pour atteindre toutes les populations, dont celles dépourvues de moyens numériques, afin de ne pas aggraver les inégalités sociales.
En Suisse, des instituteur·trice·s membres du Syndicat des Enseignants Romands, se rendent chaque semaine devant le domicile de leurs élèves, pour remettre aux parents des documents d’étude. Un moyen de s’assurer que tous les enfants, surtout ceux en situation de vulnérabilité, aient accès aux ressources et maintenir un lien entre les écoles et les familles.
Les limites de l’apprentissage à distance
Outre la question de la formation des enseignant·e·s aux outils numériques, les inégalités face aux technologies privent un grand nombre d’élèves de la poursuite de leur apprentissage. En plus des difficultés liées à l’accès à Internet ou à instabilité des installations électriques dans certains pays, les dotations des familles en matériel informatique est critique. Au Sénégal, au Ghana ou au Burkina Faso par exemple, la norme sera le téléphone portable plutôt que l’ordinateur portable. La fermeture des écoles tend ainsi à renforcer les inégalités. Les élèves favorisé·e·s ont souvent un meilleur accès à ces outils et bénéficient d’un soutien familial permettant d’avoir un cadre de travail stable. Pour les étudiant·e·s défavorisé·e·s, le manque de matériel technique et de suivi pédagogique peut aggraver le retard scolaire et créer à terme un risque de décrochage scolaire.
De plus, se pose la problématique de l’exposition des données et informations personnelles des apprenant·e·s et des éducateur·trice·s aux attaques en ligne. Enfin, s’il existe dans certains pays des programmes éducatifs télévisés ou diffusés à la radio, leur utilité reste limitée en comparaison de l’étendue des programmes formels par niveaux.
Bien qu’ils limitent les impacts de la crise du covid-19 sur l’éducation, les dispositifs d’apprentissage à distance restent des alternatives provisoires qui ne pourront jamais remplacer l’apprentissage et l’enseignement dans les salles de classe. Déjà, les syndicats de l’éducation exhortent les administrations nationales à renforcer les moyens des établissements publics afin de compenser au mieux les dommages pédagogiques provoqués par cette crise lorsqu’elle sera terminée.