Depuis plusieurs mois, les membres et partenaires du Réseau Education et Solidarité collaborent à la mise en place d’un baromètre international de la Santé et du bien-être du personnel de l’éducation. Son objectif ? Collecter des données pour nourrir le plaidoyer des membres, et mettre en place des actions concrètes pour la santé et le bien-être du personnel de l’éducation.
Lien entre la santé des communautés éducatives et la qualité de l’éducation
Le constat a été particulièrement mis en lumière par la pandémie de covid : santé et éducation sont intimement liés, et le rôle de la santé et du bien-être du personnel de l’éducation est centraldans le cadre de la réalisation de l’objectif de l’éducation de qualité pour tou·te·s.
A l’échelle internationale, il est prouvé que la santé et le bien-être des personnels de l’éducation a des effets, entre autres, sur :
- La qualité de l’enseignement
- L’absentéisme des personnels de l’éducation
- La faible attractivité de la profession, la désaffection et le turn-over, la pénurie d’enseignant.es
- La santé et le bien-être des élèves
Précédemment, le RES avait déjà réalisé plusieurs enquêtes internationales sur la santé des personnels de l’éducation :
· L’enquête sur les déterminants de la santé au travail des professionnels de l’éducation : En 2014-2015, le RES a mené une enquête, avec plus de 3000 répondants en Australie, aux États-Unis, au Canada, en France et en Colombie, via les syndicats et autres membres et partenaires du RES. Les résultats ont permis d’identifier les points de satisfactions des professionnels sur les thématiques des relations (avec l’administration, les élèves, les collègues), de l’environnement de travail, des soutiens reçus, et de comparer par pays les facteurs touchant à la santé et au bien-être des personnels éducatifs.
· Le Focus Santé dans la Francophonie : Élaboré avec le Comité Syndical Francophone de l’Éducation et de la Formation (CSFEF) et issu d’une enquête et d’entretiens menés auprès de professionnels de l’éducation de 15 pays de la Francophonie en 2018, le rapport « Focus Santé » dresse un état des lieux général sur la santé et le bien-être de ces travailleurs et identifie des priorités d’action sur les thématiques de l’accès aux soins, les conditions de travail ou encore l’engagement des syndicats en matière de sensibilisation et d’éducation à la santé. Le rapport souligne entre autres qu’il existe une méconnaissance des personnels de l’éducation en matière de droits à la santé. Ces derniers rencontrent également des difficultés à faire reconnaître et prendre en charge les maladies dites professionnelles. Enfin, si la plupart des syndicats de l’éducation sont actifs sur les questions de santé au travail, la portée de leur action reste limitée, en partie à cause du manque d’impact de leur communication.
Le baromètre international de la santé et du bien-être du personnel de l’éducation
Les objectifs du baromètre international de la santé et du bien-être du personnel de l’éducation sont d’obtenir des données sur la santé et le bien-être des professionnels de l’éducation et ses déterminants pour nourrir le plaidoyer pour la santé et le bien-être des professionnels de l’éducation au niveau national et international, et d’identifier des « tendances » communes et des différences entre les pays pour apprendre les uns des autres et partager des pistes de solutions.
En cela, le baromètre a vocation à constituer un outil à la fois de plaidoyer politique, de partage de bonnes pratiques, de recherche de solutions opérationnelles, mais aussi un projet de coopération internationale.
L’enquête vise à dresser un état des lieux de la santé et bien-être du personnel de l’éducation – dont les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l’éducation-, en lien avec leurs conditions de travail.
Afin de suivre l’évolution de la santé et du bien-être des professionnels de l’éducation dans le temps, la méthode quantitative est privilégiée, via la passation de questionnaires en ligne.
La première édition du baromètre devrait être réalisée en 2021, auprès des enseignants de 6 pays : la France, le Québec, la Belgique francophone, la Gambie, le Mexique, le Maroc.
Les thématiques enquêtées portent sur :
- La santé physique et bien-être (maladies, affections de la voix, qualité de sommeil, congés pour raison de santé, l’équilibre travail – vie personnelle)
- Le vécu professionnel (Les satisfactions et désillusions dans l’exercice du métier, le sens du travail et reconnaissance, les conditions de bien-être et de souffrance au travail)
- Les conditions et l’environnement de travail (transport, sentiment de sécurité, qualité de l’environnement physique de travail, charge de travail et contraintes horaires)
- L’organisation et les relations avec la direction / la hiérarchie (qualité du leadership, clarté des rôles, autonomie, marge de manœuvre, reconnaissance)
- Les relations (qualité des relations sur le lieu de travail avec les élèves, parents, collègues, les soutiens reçus)
- Les conditions, informations et soutiens en matière de santé (l’existence de référent, soutiens et formations à la santé, informations reçues en matière de santé de la part des différents acteurs dont l’établissement, syndicats, mutuelles)
- La couverture et le vécu en matière de santé (l’environnement et connaissance des droits, les visites médicales et prise en charge des soins, les expériences)
- Les caractéristiques socio-démographiques (les caractéristiques personnelles dont le genre, âge, pays, ancienneté, affiliation syndicale, les caractéristiques de l’établissement dont l’effectif, la position géographique)
Pour cette première édition, des questions additionnelles seront ajoutées au questionnaire du baromètre afin d’étudier l’impact du Covid sur la santé et le bien-être des communautés éducatives.
Plusieurs membres et partenaires du RES participent au groupe de travail constitué autour du projet dont l’UNSA-Education (France), la MGEN (France), la CSQ (Québec), la CGSP Enseignement (Belgique), la GTU (Gambie), le SINAADEP (Mexique).
La Chaire UNESCO EducationS & Santé,via sa représentante MinChien Tsai, ainsi que la Fondation d’Entreprise pour la Santé Publique participent au projet en tant que membres du comité scientifique.