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CANADA | enquête sur la santé mentale du personnel enseignant

Education and Solidarity Network
30 décembre 2020

En octobre 2020, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE) a publié son Rapport sur la santé mentale : Réponse des enseignantes et enseignants canadiens au coronavirus (COVID-19) — Étude sur la pandémie. Ce document constitue un point de départ important pour comprendre les incidences du fait d’enseigner pendant une pandémie, et les soutiens nécessaires en vue de protéger la santé mentale des enseignantes et enseignants à mesure que la pandémie de COVID-19 progresse.

Le Sondage de la phase 1 de l’étude sur la pandémie de la CTF/FCE, mené du 1er au 18 juin 2020 (le sondage de juin 2020), a permis de recueillir les réponses complètes de plus de 15 000 enseignantes et enseignants. En se fondant sur les résultats de ce sondage initial, la CTF/FCE a préparé un rapport sur la santé mentale des élèves et du personnel enseignant, et elle a relevé des tendances préoccupantes en matière de santé mentale à un moment où les éducatrices et éducateurs tentaient de gérer l’enseignement à distance mis en place en urgence en juin 2020. D’après ce rapport, la santé mentale du personnel enseignant est « grandement menacée » par des facteurs de stress comme la charge de travail excessive, le manque de directives claires et de planification, le temps excessif passé devant un écran et l’isolement social. Le sondage a aussi montré que les enseignantes et enseignants ont du mal à maintenir un équilibre travail-vie, et qu’ils n’ont pas le temps de s’occuper adéquatement de leur bien-être physique personnel.

Le rapport contient une analyse des réponses au sondage « éclair » de suivi de la CTF/FCE sur la santé mentale et le bien-être du personnel enseignant pendant l’année scolaire 2020-2021, et documente les effets préjudiciables continus de la longue pandémie sur la santé mentale et le bien-être des enseignantes et enseignants. Les résultats du sondage montrent clairement la nécessité de mettre en place un soutien rapide, de grande ampleur et continu pour soulager la santé mentale en pleine détérioration des éducateurs et éducatrices du système public canadien. Ce rapport constitue à la fois un appel à une prise de conscience et une base d’action politique.

Le Sondage éclair de la CTF/FCE sur la santé mentale du personnel enseignant (le sondage d’octobre 2020) a été mené dans les deux langues officielles du 16 au 25 octobre 2020, et il a permis de recueillir un total de 13 770 réponses complètes. Le questionnaire contenait notamment dix questions fermées sur la santé mentale et le bien-être, dont des questions de référence sur les niveaux de stress et l’état de santé mentale actuel des enseignantes et enseignants, des échelles de Likert sur le bien-être physique et émotionnel, et des questions comparatives longitudinales. Ces questions, reprises du sondage de juin 2020, permettent de recueillir des données longitudinales sur les sentiments initiaux de bien-être des enseignantes et enseignants, leur état de santé physique, et leurs principales inquiétudes concernant leur bien-être et leur santé mentale.

Principaux constats

Les enseignantes et enseignants veulent être entendus, et ils veulent que leur expérience soit documentée : 17 % (n=2 292) des personnes répondantes ont demandé une entrevue de suivi.

  • Les enseignantes et enseignants sont incroyablement stressés, ont dû mal à gérer ce stress et se sentent de plus en plus malheureux : 46 % s’inquiètent pour leur bien-être et leur santé mentale.
  • L’augmentation de la charge de travail pendant une pandémie nuit au bien-être et à la santé physique du personnel enseignant. Les enseignantes et enseignants réussissent rarement à conserver un mode de vie sain.
  • Les enseignantes et enseignants ont de plus en plus de mal à maintenir leur santé physique quotidienne au niveau le plus élémentaire.
  • Il faut de multiples couches de soutien, au niveau de l’école, du conseil ou de la commission scolaire, et du ministère, premièrement pour écouter et reconnaître les problèmes et deuxièmement pour procéder aux changements requis en vue d’atténuer les effets de l’augmentation de la charge de travail et des exigences professionnelles qui pèsent sur le personnel enseignant.

Recommandations

Les recommandations suivantes ont été formulées dans le Rapport sur la santé mentale : Réponse des enseignantes et enseignants canadiens au coronavirus (COVID-19) — Étude sur la pandémie :

  • Apporter un soutien immédiat et permanent en matière de santé mentale et émotionnelle au personnel enseignant, aux éducateurs et éducatrices et aux élèves;
  • Augmenter le financement consacré aux services de santé mentale pour le personnel enseignant et les élèves;
  • Développer de nouvelles ressources en santé mentale afin de traiter les conséquences de la pandémie, notamment des ressources tenant compte des traumatismes subis;
  • Adapter les attentes concernant la charge de travail;
  • Fournir des instructions claires et s’assurer qu’elles sont bien communiquées par l’administration, les conseils ou les commissions scolaires, et les ministères.

Faisant fond des résultats du sondage d’octobre 2020 et de notre présente analyse, nous continuons de préconiser les recommandations susmentionnées et nous y ajoutons les suivantes :

  • Faire de la santé mentale et du bien-être une priorité : modifier les attentes concernant le grand nombre d’heures de travail effectuées en dehors des heures prévues par contrat;
  • Mieux sensibiliser le personnel enseignant aux ressources en santé mentale existantes et améliorer l’accès à celles-ci;
  • Trouver un juste équilibre entre les ressources et les demandes dans les contextes d’enseignement actuels. Par exemple, dans de nombreux contextes, bien qu’il existe des besoins concernant la surveillance supplémentaire des élèves et le temps consacré à des tâches autres que l’enseignement, il faut donner la priorité au temps de préparation des enseignantes et enseignants et à l’évaluation en augmentant les effectifs;
  • Appliquer dans les écoles et les salles de classe les mêmes directives de santé et de sécurité que celles qui sont en vigueur en dehors des écoles, par exemple en ce qui concerne le port du masque et l’éloignement physique;
  • Augmenter le financement en vue de réduire l’effectif des classes de manière à respecter les protocoles de santé et de sécurité;
  • Élaborer une politique à long terme et des procédures visant à soutenir la santé mentale et le bien-être du personnel enseignant au niveau des écoles, des conseils ou des commissions scolaires et des ministères, surtout dans un environnement d’enseignement marqué par la pandémie ou une autre crise;
  • Écouter les expériences du personnel enseignant et reconnaître les effets cumulés à long terme du fait d’être une travailleuse ou un travailleur de première ligne du système d’éducation dans l’économie des soins.

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