Liberia : le système éducatif en solde

Education and Solidarity Network
28 février 2017

Je m’appelle Mary Mulbah. Je suis Secrétaire générale de la National Association of Teachers of Liberia. Mon syndicat est une association. Créée en 1938, elle est devenue légale en 1958.

Notre association milite pour les droits de ses membres. La NATL en compte environ 20 000, de toutes les catégories d’enseignants au Liberia. Nous venons en aide aux enseignants dans les écoles et nous les représentons à l’échelon régional et national.

La NATL fournit différents services tels que des services de bien-être (assistance obsèques), le soutien administratif et la formation professionnelle avec notre partenaire, l’Internationale de l’Education.

Au Liberia, le statut des enseignants est très inquiétant. Il n’existe par exemple aucun système étatique organisé de protection sociale pour les enseignants. Il arrive donc souvent que les enseignants ne puissent pas s’offrir une couverture santé et tombent très malades. Malheureusement, notre syndicat ne dispose de moyens suffisants pour financer une assurance santé privée qui est très chère.

Nous sommes aujourd’hui très mobilisés contre la privatisation de notre système éducatif. En juin 2015, le ministre de l’éducation fraîchement nommé s’est rendu au Kenya où il a rencontré la Bridge International Academy (BIA). A son retour à Monrovia, il a décidé de signer un protocole d’accord avec BIA visant à établir un système d’écoles primaires privées low-cost dispensant une éducation standardisée. Cet accord a été conclu sans aucune concertation avec les syndicats de l’éducation. Le ministre veut réformer le secteur éducatif par des privatisations afin d’améliorer l’accès à l’éducation.

BIA prétend gérer aujourd’hui 23 écoles avec un nombre d’élèves estimé à 8 000. Chaque élève doit payer environ 80 dollars par an de frais de scolarité. Après avoir mené notre enquête, nous avons constaté que BIA ne dispense pas une éducation de base de qualité car les écoles BIA utilisent des tablettes numériques, or moins de 3 % de la population du Liberia a accès à l’électricité ! Deuxièmement, les enseignants de de BIA ne sont pas assez payés. Ils sont souvent en grève et les enfants sont laissés sans éducation.

Nous avons organisé des réunions avec des groupes de la société civile et des partis politiques pour contrer la privatisation de notre système éducatif. La privatisation n’est pas la solution pour le Liberia. Le gouvernement doit s’attaquer à la racine du problème : la formation et les équipements insuffisants, ainsi que le manque de moyens.

Au lieu de sous-traiter l’éducation, le gouvernement devrait augmenter les dépenses dans les services publics pour améliorer l’accès à une éducation de qualité.

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